Le Poème de l'Anneau
traduit en Sindarin par Ryszard Derdzinski
Le texte suivant est une traduction du Poème de l'Anneau du SdA Vol. I, p. 57 en Sindarin (sont titre complet est Vers des Anneaux de Pouvoir ou dans ma traduction Glîr i Chyrf e-Ndûr. J'ai utilisé ici un dialecte de Sindarin Noldor (comme il était en usage à Imladris et Eregion au Second Age de la Terre-du-Milieu). Pour les premières adaptations de ce poème en Sindarin voir Vinyar Tengwar #13, Septembre 1990, p.p. 13-14, A Survey of Ring Poem Translations: un par Bill Welden et Chris Gilson (1977), un autre par Richard Trubshaw (1982). Je veux remercier Didier Willis pour son aide.
Cette traduction fut révisée en janvier 2003. J'ai utilisé une nouvelle information de Ae Adar nín dans Vinyar Tengwar #44.
Glîr i Chyrf e-Ndur
Corf neledh 'nin Ellerain nui venel,
Odo'ni Nauhírath vi rynd gonui în,
Neder'ni Fîr Fírib beraid fíred,
Êr am Morchír bo morn-orchamm dîn
Vi Dor e-Mordor ias i-Ndúath caedar.
Er-chorf a thorthad hain bain, Er-chorf a chired hain,
Er-chorf a thoged hain bain a din fuin an nuded hain
Vi Dor e-Mordor ias i-Ndúath caedar.
Traduction mot-à-mot
Poème des Anneaux de Pouvoir
Anneaux trois pour-les Elfes-rois sous-le ciel,
Sept pour-les Nains-seigneurs dans salles de pierre leurs,
Neuf pour-les Hommes mortel destinés à mourir,
Un [lit. Seulement] pour Ténèbres-Seigneur sur sombre-trône son
Dans Pays de-Mordor dans-lequel les-Ténpbres s'étendent.
Un-Anneau pour gouverner eux tous, Un Anneau pour trouver eux,
Un-Anneau pour amener eux tous sous les ténèbres pour lier eux
Dans Pays de-Mordor dans-lequel les-Ténèbres s'étendent.
Glossaire:
Titre
Glîr
'Chanson, poème *vers'.
gyrf
S *gyrf est muté pl. cyrf of S sg *corf (Q corma, e.g. Cormarë 'Jour de l'Anneau' III 358). J'ai reconstruit S *corf de l'hypothétique CE *kormá < KOR- 'rond' (cf. N ou S parf, Q parma < CE *parmá < PAR- 'composer, mettre ensemble'). Nous pouvons dériver un développement: CE *kormá > OS *córmh > S *corf.
ndúr
S *ndur est une mutation nasale de tûr 'maitrise, *pouvoir' (LR 395).
Ligne 1
corf
'anneau'. Voir ci-dessus. Je suppose qu'un nom modifié par un numéral est toujours singulier, comme en Gallois (ex. un bachgen 'un garçon'/tri bachgen 'trois garçons'.
neledh
'trois' (LR 376, S 412). C'est dérivé de NÉL-ED- 'trois'. Je préfère ici la forme neledh à la forme tardive nêl (VT#42, p. 25), parce que à mon avis le langage du Poème de l'Anneau devrait être plus archaïque.
'nin
'pour le' (III 204, L 308). C'est supposé être un élision de S an in 'vers le' (cf. aglar'ni Pheriannath < *aglar an in Pheriannath).
Ellerain
'Elfes-rois'. J'ai fait ce nom composé de Ell- 'elfe' (WJ 367) + erain (pl. de aran) 'rois' (S 405).
nui
'sous le' (LR 378). Préposition no 'sous' < NÚ- (LR 378) + article i 'le'.
venel
Forme lénifiée de menel 'ciel, firmament, cieux, région des étoiles'. J'utilise ce mot Quenya (< Q men + el 'étoile-région') parce que ce poème est écrit en Sindarin Quenyarisé d' Imladris et Eregion (R 64) comme aerlinn nommé A Elbereth Gilthoniel (I 250).
Ligne 2
Odo'ni
'Sept [Anneaux] pour les'. S odo, odog (S 414, LR 379) < OT- [OTOS, OTOK 'sept'). J'ai choisi odo à cause de l'élision. Pour 'ni voir ci-dessus.
Nauhírath
'Nains-seigneurs'. C'est un nom composé: *Naug-hírath > *Nauh-hírath. Je l'ai dérivé de S naug 'nain' < *nauká < NUKU- 'nain, tordu, qui n'est pas arrivé à complet développement' (S 412, LR 374, WJ 388) et coll. pl. de S hîr 'seigneur, maître' < *khér, kherú < KHER- 'gouverner, diriger, posséder' (L 282, 382, S 409, LR 364, LB 354, SD 129). Pour -ath voir Chorfath.
vi
'dans'. Cf. VT#44, p. 21, 27.
rynd gonui
'salles de pierre'. D'abord je voulais traduire ceci par ethrynd gonui 'sous-terrain, forteresses de pierre' (cf. S othrond 'sous-terrain, forteresse' (WJ 414) mais finalement j'ai choisi le plus littéral rond 'salles', pl. *rynd (LR 379, WJ 414). Adj. *gonui 'de pierre' < gonn 'pierre, de pierre' (ex. S 408, WJ 201) + -ui 'adj. suffixe' (R 66) comme dans le nom Argonui (III 282).
în
'*leur propre'. S în signifie probablement 'son propre' dans le Lettre du Roi (SD 129) et est utilisé pour de référer au sujet de la phrase. En Polonais il y a deux pronoms avec les mêmes fonctions: jego 'son' et swój '[mon, ton, son, notre, votre, leur] propre' et je suis cette trace dans ce texte, în en traduisant 'swój' et dîn 'jego' (voir ci-dessous).
Ligne 3
Neder'ni
'Neuf [Anneaux] pour les'. S *neder 'neuf', N neder < NÉTER- 'neuf' (LR 376). Pour 'ni voir ci-dessus.
Fîr Fírib
'Mortels Hommes'. S Fîr est pl. de Feir adapté en Beleriand de Q Firya 'Mortel' (come un nom). Adj. fírib est pl. de S fíreb 'mortel' (comme un adjectif). J'ai essayé d'alitérer ceci comme en Anglais Mortal Men.
beraid
'destinés'; cf. barad 'destiné' < MBARAT- (LR 372). Forme *beraid est un pluriel possible de barad, cf. homophone barad (pl. beraid) 'tour'.
fíred
'mourir'. C'est un gérondif/infinitif du verbe S reconstruit 'mourir, disparître': fír- (cf. gérondif firith 'disparître' comme dans tír- 'regarder, voir' (e.g. SD 129) et gérondif tirith dans Minas Tirith 'Tour de Guet').
Ligne 4
Êr am
Comme équivalent de 'Un [Anneau] pour le' je préfère ici S êr 'un, seul, isolé' (ER- 'un, premier d'une série') - cf. S 408, LR 356, VT42 24. - à mîn 'un' comme numéral (< MIN- 'tout seul') - cf. LR 373 parce que cela implique une position spéciale de l'Anneau Unique.
Morchîr
'Ténèbres Seigneur'. Pour S mor- voir morn-orchamm ci-dessous. S -chîr est une mutation spirante hîr 'seigneur' (cf. morchaint < mor- + caint in S 409). Pour hîr voir Nauhírath ci-dessus.
bo
'sur'. Cf. VT#44, p. 21, 27.
morn-orchamm
'sombre trône'. Il pourrait y avoir eu ici une élision: *morn-orchamm > *morchamm, mais j'ai choisi un composé plus archaïque. S morn signifie 'sombre' < *morná < MOR- (LR 373, WJ 362). Le mot *orchamm est une translitération littérale du grec thrónos 'siège élevé'. C'est un composé de mon invention: or-hamm 'siège élevé'; cf. N or prep. 'dessus', prefixe or- 'dessus' < ORO- 'en haut, élevé, haut, etc' (LR 379); S *hamm 'siège' < *khammá 'siège' < KHAM- 's'asseoir' (LR 363).
dîn
'son/sa'. C'est un pronom possessif de la 3ème pers. du sing. se référant à l'objet de la phrase (SD 129, VT #31, p. 21) comme dans: bess dîn 'sa femme' dans la Lettre du Roi.
Lignes 5 & 8
Vi
'dans le'. Voir ne, ned ci-dessus.
Dor e-Mordor
'Pays de Mordor'. S dor 'pays' < *ndoré 'le pays dur, sec par opposition à l'eau ou tourbière' < NDOR- 'habiter, rester' (LR 376). Article génitif e(n) comme dans Taur e-Ndaedelos (UT 281). Nom d'un endroit Mordor signifie 'Sombre Pays'; cf. morn ci-dessus.
ias
'où'. J'ai reconstruit ce mot sur la base de S ennas 'là', qui, selon C. F. Hostetter semble être un développement d'un pronom démonstratif locatif primitif vu dans CE *entassé = *entá 'cet endroit (là-bas)' + terminaison locative *-ssé 'dans'. D'où ennas est littéralements 'dans cette place (là)' (VT #31, p. 26). S'il en est ainsi, Q *yassë 'dans lequel, *où' (I 357) < *CE jassé < *JA- 'là-bas' serait devenu S *ias. La même conclusion que dans le poème de l'Anneau de B. Welden et Ch. Gilson's presenté dans VT #13, p. 13.
i-Ndúath
'les Ténèbres'. S *Ndúath est une mutation nasale de Dúath 'Ténèbres' affecté par un in. Dúath est le pluriel de dú étant dans de SdA un synonyme Gondorien des 'Ténèbres' de Sauron (III 402) - cf. Ephel Dúath traduit comme 'Montagnes de Ténèbres'. Je pense duáth (< DO3-, DÓ- in LR 354) convient mieux aux 'Ténèbres' du Poème de l'Anneau.
caedar
'[elles] s'étendent'. 3 ème personne pl. present de l'hypothétique verbe Sindarin *caeda-. Je l'ai reconstruit de CE *kay-ta- < KAY- 's'étendre' (LR 363) vu dans le Q caita- 's'étendre'; cf. ar sindanóriello mornië caita 'et gris-pays-de les ténèbres s'étendent' (R 59). Un marqueur pronominal pluriel -r de Dor Firn-i-Guinar 'Pays de la Mort qui vit' (S 367).
Ligne 6
Er-chorf
'Un Anneau'. Cf. ereb et corf ci-dessus. S *chorf est muté (mutation spirante) *corf 'anneau' (voir ci-dessus) comme dans Beren Erchamion où erchamion 'manchot' est dérivé de er- (cf. ereb) et camion (< S cam 'main' < CE kambá < KAB- in LR 361).
hain
'eux' comme dans l'inscription de la Porte de la Moria (I 319, 321-2) écrite par les mêmes Elfes de Eregion qui composèrent le Poème de l'Anneau original (ici reconstruit). S hain est probablement muté de l' orig. *sain.
thorthad
Mutation nasale *torthad 'gouverner'. Cf. N inf. tortho 'contrôler, *gouverner' (LR 395) et la terminaison gérindif/infinitif -ad comme dans tírad 'voir, *regarder' (SD 129) comparez avec N tirio 'regarder, *voir' (LR 395).
bain
'tous' (SD 129). Forme lénifiée de *pain 'tous' (SD 129), qui m'set conseillé par Didier Willis. Difficile à analyses - voir VT #31, p. 32.
chired
Mutation nasale *hired 'trouver'. Cf. Q hir- dans hiruvalyë 'tu trouveras' (R 59). H. Fauskanger dans son The Bakken Fragment (TyTy #4, p. 18) écrit: Les deux mots pour "trouver" (hir-, tuv-) apparaissent dans le texte [par H.F.]; la distinction sémantique entre elles est apparemment que hir- signifie "trouver quelque chose en le cherchant" alors que l'autre signifie "trouver soudainement quelque chose que vous ne cherchiez pas" (ex. Yé! Utúvienyes!). L'équivalent possible du Q hir- en Sindarin est *hir-, infinitif hired.
Ligne 7
thoged
Mutation nasale *toged 'apporter'. Cf. N tegi 'apporter' < TUK- 'apporter' (LR 395). Pour une terminaison gérondif/infinitif-ed voir torthad, hired.
a
'et'. Cf. pedo mellon a mínno 'dites ami et entrez' (I 319), etc.; et la base AR2- (LR 349).
din
'au-dessous'. Cf. II 339 où: sí di'nguruthos 'ici dessous-mort-horreur' (R 64). Je préfère 'au-dessous' - or S din à 'dans' - or S be(n) au cas où vous vous référez en Sindarin au sens: 'dans les ténèbres'.
fuin
'ténèbres'. Cf. fuin 'obscurité, ténèbres' (< PHUY-) (S 408, LR 382).
hain nuded
'lier eux'. Il est possible de faire une élision: *hain nudad > *hai'nudad. Un gérondif / infinitif *nuded est dérivé de N nud- 'lier, attacher' < NUT- 'attacher, lier' (LR 378).